A la fin le silence - Laurence Tardieu
- deslivresetmoi72
- 21 juil. 2020
- 2 min de lecture

Roman acheté sur une foire aux livres, un peu au hasard, en découvrant la quatrième de couverture. Il s’agit d’un roman assez largement autobiographique.
La narratrice, parisienne, sait qu’elle va devoir vendre la maison de son enfance, maison de ses grands-parents située à Nice. C’est un déchirement pour elle tant elle se sent connectée, reliée à cette maison et à son jardin. Elle est enceinte. Quelques semaines après la prise de cette décision difficile, ce sont les attentats de Charlie-Hebdo à Paris. Les répercussions sont immenses pour la jeune femme : elle est choquée, traumatisés, marquée, sidérée…Pour elle, peut-être plus encore que pour les autres, il y aura un « avant » et un « après ». La seule chose qui semble pouvoir l’aider c’est d’écrire, de mettre en mots sa détresse et l’intensité de ses émotions qu’elle a du mal à comprendre et à « rationnaliser ». Ce roman est un peu le journal intime de cette période trouble pour elle.
Après cette lecture, j’ai mis longtemps avant de m’atteler à l’écriture de cette « chronique », ce qui est très rare pour moi. En fait, ce roman m’a laissée perplexe : peut-être un peu trop intime pour moi, je l’ai trouvé souvent répétitif dans son propos, comme les pensées qui envahissent en boucle la narratrice. J’ai eu du mal à faire le lien entre les deux lignes directrices, la vente programmée de la maison de famille et le traumatisme des attaques terroristes. J’ai le sentiment d’être passée à côté du livre…
Extrait P 19
Et puis, il y a eu la journée du mercredi 7 janvier. En quelques minutes, tout a été pulvérisé.
J’ai voulu croire, au cours des jours qui ont suivi, que je pourrais continuer à écrire sur la maison.
Il m’a fallu plusieurs semaines pour comprendre que mon projet ne tenait plus face à ce qui s’était passé. Plus grand-chose ne tenait, à vrai dire. Quelque chose s’était désagrégé pour toujours : depuis le 7 janvier, j’ai perdu le sentiment jusque-là évident d’une ligne de démarcation nette, étanche, entre l’intérieur et l’extérieur. Depuis le 7 janvier, tout est devenu poreux, l’effondrement s’est infiltré jusque sous ma peau. Le monde m’est rentré sous la peau.
Perdre notre maison de Nice, son histoire, ma mémoire – et l’écrire : le sentiment de nécessité ne tenait plus. C’est la première fois que la sensation de dissolution du monde outrepasse celle de mon monde intime. C’est la première fois qu’écrire sur le dehors s’impose, renversant mon écriture. Comment écrire sur la maison de son enfance, après ça ?
Extrait P 29
Aussi, pourquoi cette sensation physique, bien réelle, que mon corps avait été atteint ? Pourquoi un tel écart entre ma réalité ( la sensation d’avoir été atteinte) et la réalité ( les deux attentats ne m’ont en aucune façon touchée) ?
Extrait P 89
Je savais que la menace qui grondait au loin, et qui chaque semaine se rapprochait, recouvrait aussi cette réalité : perdre la maison, ce n’était pas seulement perdre le lieu où j’avais des souvenirs heureux ; des racines, un présent. C’était également perdre l’unique élément de ma vie qui m’offrait le réconfort de la permanence.
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