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Du même sang - Denene Millner




Roman coup de cœur après un achat impulsif, sans avoir entendu parler du roman ! J’ai dévoré les 600 pages avec beaucoup de plaisir. Des années 60 aux années 2000, les vies de femmes noires aux Etats-Unis, des états du sud ségrégationnistes aux quartiers de New-York. J’ai adoré suivre Grace, Delores et Rae dans leur quotidien, leurs difficultés. L’autrice s’est attachée à décrire en détails la place des femmes, l’éducation des enfants et la conception de la famille, pour chaque génération, et donc l’évolution de ces notions au cours de la seconde moitié du 20ème siècle.

Le livre est découpé en trois, partie, une pour chaque femme. Il commence donc avec Grace, jeune fille noire du sud des Etats-Unis forcée de venir à New-York après le décès de sa mère. Avec Grace, on découvre la vie dans un état où règne la ségrégation, le poids des traditions et croyances et leur transmission. Délaissée par sa mère, Grace apprend tout de sa grand-mère maternelle, sage-femme dotée de dons de divination. Arrivée seule à New-York, chez une grand-tante qui renie ses origines, Grace doit lutter pour survivre en faisant face à la violence qui la poursuit : celle de sa parente qui lui fait payer cher le fait de l’avoir recueillie, mais aussi celle de la société toute entière qui l’exclut parce qu’elle est femme, parce qu’elle est noire…

La deuxième partie est consacrée à Delores, surnommée LoLo. Delores a été violée par son oncle quand elle était encore quasi une enfant et a dû avorter. Cette opération a été accompagnée d’une mutilation pour l’empêcher de pouvoir un jour avoir des enfants. Cette blessure, Delores, fait tout pour la cacher à Tommy, son mari. Ils adoptent ensemble 2 enfants, TJ et Rae. Avec Delores, l’autrice aborde plus spécifiquement les relations familiales et les difficultés dans l’éducation des enfants à une époque où toute la logistique domestique repose sur les épaules de la mère.

Dans la dernière partie, Rae est une jeune femme brillante, productrice d’émissions musicales. Elle aussi se confronte aux difficultés familiales. Adoptée, elle s’interroge sur ses origines. Dans son couple, après avoir reproduit ce qu’elle a connu, à savoir gérer seule la maison, les enfants tout en travaillant, elle se rebelle quand elle découvre les infidélités et lâchetés de son mari.

 

Chacune de ces femmes est forte et fragile, attachante, représentative de sa génération et de la place des femmes noires dans l’évolution culturelle de la société américaine. Comme le titre le laisse entendre, elles sont unies, en partie, par les liens du sang. C’est un grand roman d’une femme noire américaine sur les femmes noires américaines : identité, traditions, amour, amitié, féminisme, parentalité, couple, famille, violence et résilience au programme ! Un seul bémol, je trouve qu’il manque la « fin » de l’histoire de Grace…j’aurais aimé en savoir plus sur ce personnage…

 

Extrait P 20

Et là-dessus, il repartit en direction de l’usine de Piney Tree – le plus gros employeur de la ville de Rose. Son cheval allait devoir prendre le pont sur la rivière Piney, puis contourner l’immense édifice en bois en en acier où les arbres fraîchement abattus étaient écorcés, débités, broyés et réduits en pâte, où les Blancs travaillaient dur – et les Noirs aussi, sauf qu’ils recevaient soixante pour cent en moins au creux de leur main le vendredi soir. Les Blancs profitaient du surplus pour vivre dans un petit bourg derrière l’usine. Les Noirs, eux, ne s’y trouvaient que s’ils travaillaient pour les familles blanches, qui vivaient une existence ségréguée dans leur commune ségréguée aux idéaux ségrégués – et même ainsi ils ne s’attardaient pas à la nuit tombée.


Extrait P21

Du jour où elle avait eu la vision de Grace attrapant un bébé, Maw Maw s’était consciencieusement employée à l’initier aux pratiques des femmes qui, comme elle, servaient les miracles. Et maintenant, en ce jour où les esprits la jugeaient enfin digne d’accomplir elle-même le miracle, Maw Maw l’emmènerait assister à sa première naissance.

 

Extrait P41

« S’il vous plaît », souffla Miss Ginny d’un ton suppliant. Maw Maw resta muette. Elle jeta un regard nerveux à Grace, qui était trop intelligente pour ne pas sentir la tension dans la pièce, mais trop fraîche et jeune pour comprendre que Miss Ginny, épouse blanche d’un homme blanc ne possédant qu’une petite ferme, six bouches à nourrir et l’orgueil de tous les Blancs avant et après lui, courait avec son bébé noir un grave danger.

 

Extrait P 65

C’était comme ça, avec les Blancs ; ils comptaient sur les parties du corps des Noirs – des mains pour la lessive, des dos pour labourer la terre, des seins pour nourrir leurs bébés-, mais ils ne supportaient pas les corps entiers ni les âmes qui les habitaient. Ces âmes qui, tous les matins, devaient rassembler leurs forces fragiles pour convaincre le corps de se soumettre au labeur, encore et toujours, sans avantages ni pauses ni droit de se plaindre.

Grace eut le bon sens de s’éloigner : elle ne placerait plus sa confiance entre les gens qui aimaient mieux voir pleurer sa grand-mère que remplir un ventre noir.

 

Extrait P 75

La brownstone couleur terre cuite de la tante Hattie, avec ses superbes arches elliptiques et ses colonnes byzantines qui montaient vers les sombres nuages gris, lui faisait l’effet d’un lieu interdit, un endroit dont les gamines campagnardes n’avaient même pas la permission de rêver, sans parler d’y entrer avec un tant soit peu d’aplomb. Même sur autorisation. Même à la demande expresse de Hattie. Il ne lui échappait pas que si les lèvres souriantes de la femme l’invitaient à monter, ses yeux, durs implacables, avaient immédiatement rendu un jugement bien différent sur elle et sur sa légitimité à recevoir une telle invitation. Elle vit les yeux de Hattie jauger les tresses grossières nouées sur son crâne, puis passer lentement sur sa peau sèche et ses épaisses lèvres gercées, pour descendre le long de sa robe loqueteuse jusqu’aux chaussures trop petites qui trahissaient ses origines – qui racontaient tout le chemin parcouru, mais aussi la stagnation de la vie au fin fond de la Virginie, où le temps était figé et où ceux qui choisissaient de rester prenaient leur mal en patience.

 

Extrait P 81

L’idée que Grace ait le potentiel d’en devenir une elle-même ( une jeune dame) – qu’elle puisse parfaitement convenir à un jeune homme – ne lui venait pas à l’esprit. Ni même qu’elle puisse aller à l’école ou progresser en quoi que ce soit. Une mule osseuse et loqueteuse, faite pour être exploitée au maximum, c’était tout. Un héritage de la maison de la morte – pas vraiment désiré par sa nouvelle propriétaire mais accepté quand même parce qu’il faut bien trouver une place à ces choses-là, et que ce serait du gâchis de les jeter. Parfois, Hattie le lui signifiait d’une petite tape ou d’un pinçon tournant si Grace n’allait pas assez vite – moitié rappel, moitié avertissement quand elle prenait du retard ou qu’il fallait lui répéter une fois de trop comment entretenir son intérieur. Elle ne perdait pas une occasion de lui rappeler que chez elle, on faisait comme elle l’entendait.

 

Extrait P119

« Elle ( = Maw Maw) me manque. Et ma mère aussi. Les gens ne peuvent plus me faire aussi mal que quand elles sont parties, tu sais. Melissa, la tante Hattie, toutes ces filles qui sont horribles avec moi. J’ai l’habitude.

-  Ce n’est pas une chose à laquelle il faut s’habituer », avait dit Dale en chuchotant presque.

Grace avait gardé le silence. Puis :

« L’eau me manque. La poussière sous mes pieds et la sensation de l’herbe sur mes orteils. Même les serpents… Eux-aussi, ils me manquent. Les petits verts. Ils aident. Les serpents d’ici, à Brooklyn ? Ils vous tuent si on les laisse faire. Je le sais, maintenant.

- Ne laisse pas ces filles te maltraiter, Gracie. »

Il avait prononcé son prénom comme si c’était du miel sur sa langue. Elle s’était de nouveau tournée vers lui.

«  Qu’est-ce que ça peut te faire, à toi ?

- Je tiens à ce que tu saches que je ne suis pas comme elles. »

Grace avait retenu son souffle, pour faire en sorte que le temps et l’espace s’arrêtent. Il le regardait d’en bas, avec émerveillement et désir, comme le Dale de ses rêves diurnes. Son cœur avait eu du mal à garder son rythme.

« Et pourquoi tu y tiens ?

- Parce que tu comptes pour moi, Grace, exactement telle que tu es, avait-il dit simplement, rapidement ? Et que je veux compter pour toi. »

Le cœur de Grace s’était épanoui tandis que le dernier rayon de ce soleil d’été flottait dans les yeux du garçon.

 

Extrait P156

Elle attira Grace contre sa poitrine et lui donna une embrassade comme celle-ci n’en avait pas reçu depuis qu’elle avait franchi la limite de l’état de New-York. Il y avait longtemps que Grace était en manque de cet amour spontané. Mais elle en était tellement privée dans la maison froide de Hattie qu’il avait commencé à pâlir, à disparaître de ses rêves, jusqu’à ce qu’il ne reste que du vide là où l’amour avait jadis été si naturel, si pur que ce n’était même pas la peine d’y penser : il était là, simplement.

Tout d’abord, Grace résista à ce qu’il avait oublié. Mais la mémoire musculaire est puissante et rapide, et bientôt elle dut s’avouer vaincue. Contre Miss Ada Mae, elle laissa son corps et ses larmes capituler.

« Maintenant, écoute-moi bien, tu veux ? Ça ne va pas être une promenade de santé. Mais tu n’es pas seule. Rappelle-toi ce que tu sais déjà. Tout ce dont tu as besoin, tu l’as déjà en toi. Appelle les tiens à toi, chérie, ils ne veulent que ton bien. » Elle écarta Grace de sa poitrine et, une main posée sur chacune de ses épaules, la regarda au fond des yeux, au fond de l’âme. « Fais confiance à tout ce que tu as en toi, c’est compris ?... »

 

Extrait P 190

« Ma mère avait de très beaux cheveux, vu qu’elle était en partie indienne, tu sais ? Je courais la trouver avec la brosse et elle s’asseyait par terre, bien bas, pour que je puisse partir du haut et brosser des racines jusqu’en bas de son dos », avait dit LoLo en suivant du doigt le contour du goulot de sa bouteille de coca.

C’était le souvenir tout fait qu’elle gardait sous la main s’il fallait ajouter un peu d’assaisonnement au récit volontairement abrégé de ses origines, de ses raisons de quitter la caroline du Sud, de la manière dont elle s’était retrouvée à New York. « Maman est morte, une parente m’a recueillie. J’ai toujours voulu monter à New York. La Juste Eglise m’a trouvé de la place au sous-sol, en me faisant travailler pour gagner mon pain. J’ai économisé pour avoir une chambre à moi. Je suis couturière. !je me débrouille. » Le reste, elle préférait le garder pour elle. Elle ne pouvait pas le dire. Le secret, la honte : les deux continuaient de serrer un nœud dans sa gorge. Elle était comme tous ceux qui avaient vécu l’indicible, et que ce nœud empêche de raconter, de revivre, d’oser.

 

Extrait P211

« Maintenant que tu écoutes, que les choses soient bien claires, intervint alors celle aux cheveux gris, d’une voix douce, presque gentille. Je m’appelle Mère. Elle aussi. C’est ainsi que tu nous appelleras. Tu vas arrêter de crier, car je ne tolère pas le bruit. Tu vas aller ranger tes affaires, car je ne tolère pas le désordre. Tu feras ce qu’on te dit, car c’est ce que Dieu exige de ses enfants : l’obéissance. »

LoLo resta plantée là, tremblante, sous le soleil de midi qui cuisait la vaseline dont la tante Bessie avait enduit sa peau pour lui donner un peu d’éclat. Elle coula un regard vers le bâtiment de bois peint en blanc qui se dressait, menaçant, juste derrière les épaules de la femme. Etouffant ses sanglots, elle vit la plus âgée des Mères baisser le nez vers le bébé, qui commençait à s’agiter, et le bercer légèrement. Freddy, il chouine tout le temps, songea LoLo, une bouffée de colère venant brûler sa peur. C’est à cause de lui que maman n’est plus là, et maintenant on se retrouve ici parce que la tante Bessie et M. George veulent plus l’entendre non plus.

« Allez, allez », murmura la vieille en desserrant la couverture autour de la tête et du coup du petit. Avec un rictus, mais en dévorant des yeux sa frimousse, elle continua : « Quand même, c’est mignon quand c’est petit ! On dirait un bébé singe. C’est qui le petit ouistiti ? C’est qui le petit ouistiti ? » Et toujours sans le quitter des yeux : « Tu vas prendre ce petit singe avec toi et t’arranger pour qu’il ne fasse pas de bruit. Tu es sa sœur, tu t’en occupes. »

Sur ces mots, elle fourra le bébé dans les bras de LoLo et s’éloigna dans un petit couloir. LoLo, maigre, menue, déséquilibrée par la force avec laquelle le bébé avait été poussé contre elle, recula le pied droit pour ne pas tomber, mais elle avait du mal à tenir son frère, lourd et agité dans ses petits bras. Cependant elle se garda bien de traîner ; elle suivit la femme alors que la gifle cuisait encore sa joue trempée de larmes.

 

Extrait P228

LoLo, qui ne voulait rien savoir de tout cela, n’avait jamais fait grand cas des paroles de la guérisseuse, jusqu’au moment où elle avait tenu pour la première fois dans ses mains le petit sac de Rae. Elle avait alors pris soin de le conserver. La personne qui l’avait préparé avait peut-être fait en sorte qu’il porte malheur à quiconque oserait le jeter, pensait-elle, ou peut-être la mère de cette enfant voulait-elle qu’il lui revienne un jour. Quoi qu’il en soit, le Société l’avait mis dans une enveloppe et donné à LoLo, qui à son tour l’avait rangé pour plus tard. De temps en temps, elle ressortait ce petit sac, puis s’asseyait et contemplait la fillette en s’interrogeant sur elle. Elle se demandait comment elle pourrait la protéger dans un monde qui ne voulait que du mal aux filles. Cet aspect-là des choses l’inquiétait beaucoup. Elever Rae l’inquiétait.


Extrait P 327

C’était un travail méthodique, méticuleux, ce nettoyage rituel : rien n’arrivait jamais dans les marmites de LoLo sans qu’elle ait pris un soin particulier à laver le plus possible ce qu’elle mettait dans le ventre de sa famille. Le poulet était baigné dans une solution de vinaigre et de jus de citron fraîchement pressé, le chou cavalier trempé, rincé, trempé, rincé, trempé et rincé encore, les pois à vache soigneusement triés. La purification rituelle – de la nourriture, du linge, des moindres recoins de la maison, des corps – était sans aucun doute un rappel de son enfance : on avait toujours attendu d’elle, toute petite déjà, qu’elle entretienne les lieux où elle prenait de l’espace. Autrefois, c’était pour elle une activité apaisante, une manière de s’éclaircir les idées, de faire baisser le stress. Mais peu à peu, elle en était venue à exécrer ces tâches répétitives, et à présent elle les redoutait de plus en plus, ces fardeaux qui pesaient juste ce qu’il fallait…

 

Extrait P396

LoLo cessa de tripoter les robes dans l’armoire et se tint fermement au portant. Le sang lui était monté à la tête : elle avait un battement dans les tempes et son nez la piquait. Elle ne voulait pas pleurer, ne voulait pas que son mari y voie une réaction au fait qu’il l’ait confondue, ou même à la nouvelle de son infidélité. Ce n’était pas ça. Elle avait besoin de se retenir à quelque chose pour combattre les réactions viscérales de son corps au souvenir, à l’instant, aux nombreux instants, où elle s’était débattue sous le poids de Bear, et aux fois où elle s’était laissé faire, où elle était restée inerte, à supplier Dieu de foudroyer le sol sous eux avec leurs corps dessus. Chaque fois que Bear la violait, LoLo mourait. Chaque fois qu’elle repensait à lui en train de la violer, elle mourait. Cramponnée au portant, renvoyée au fait qu’elle ne pouvait pas concevoir et aux raisons de cet état de fait, elle voulait mourir. Son corps voulait juste capituler et cesser de vivre.

 

Extrait P 418

Chaque fois qu’un drame se produisait, tout le monde le lui dissimulait parce que sa première réaction à une conversation difficile – elle le reconnaissait volontiers, d’ailleurs- était en général un débordement d’émotions : larmes, cris, silence maussade le temps d’encaisser la nouvelle. Sa mère ne supportait pas cela, même s’il ne leur était jamais venu à l’esprit, ni à l’une ni à l’autre, que c’était elle, LoLo, qui avait rendu Rae si émotive. Tommy s’en rongeait les sangs. Mais dans la tête de Rae, poser des questions, examiner les informations, exprimer des émotions, c’était justement le propre des gens normaux : lorsqu’on apprenait ou qu’on traversait un évènement douloureux, bouleversant, il était parfaitement naturel d’avoir une réaction forte, démonstrative. C’était un exutoire indispensable pour se remettre et surmonter le problème, comme la vapeur était indispensable pour faire avancer un bateau à aubes. Ils ne semblaient pas avoir conscience que dissimuler les blessures n’empêchait pas les plaies de suppurer. Cela infectait la famille de diverse manières qu’ils ne pouvaient ni ne voulaient nommer, mais Rae avait fini par comprendre que ses larmes, ses questions, sa manière de creuser constamment, apportaient à ces plaies de l’air frais et de la lumière, toutes choses nécessaires à la guérison. Même si ça faisait mal quand on arrachait le pansement.

 

Extrait 466

Roman était un type correct : intelligent, séduisant, beau, aimant, plein de potentiel. L’ossature était bonne. Rae avait écarté ses défauts pour atteindre la chair saine, et depuis quatre ans qu’ils étaient ensemble, c’était là-dessus qu’elle se concentrait. Aimer ces parties-là. Mais ses faiblesses – toutes ses faiblesses- devenaient trop lourdes à porter pour elle, d’autant plus qu’elle avait déjà les siennes.

 

Extrait P 504

LoLo embrassa la tête de Skye, puis tendit de nouveau les doigts vers sa fille. Elle essayait encore. Pour Rae. Et pour elle-même. Cette fois, Rae la laissa poser une main sur son épaule. Cette fois, elle la regarda dans les yeux. Cette fois, elle vit une femme. Pas sa mère. Pas la femme de son père. Pas la ménagère hargneuse et violente, mais une femme qui avait eu la vie dure, qui s’était sacrifiée et avait protégé sa famille avec une férocité douloureuse non seulement pour ses enfants, mais aussi pour elle-même. Rae vit une femme très simple qui avait survécu à une vie extraordinairement triste et compliquée.

 

Extrait P 615 (remerciements)

J’ai écrit cette histoire parce que ma mère de naissance et bien d’autres comme elles méritent d’être vues en contexte, méritent qu’on ajoute un peu de couleur dans le jugement en noir et blanc réservé aux femmes qui abandonnent leurs enfants. J’ai écrit cette histoire pour ma mère et pour les femmes noires de sa génération, poussées à croire que leur survie dépendait entièrement de leur statut de mères et d’épouses, et que cela devait être leur seule ambition – alors même que le racisme américain conspirait pour empêcher les femmes noires comme ma mère d’endosser avec succès ces rôles-là.

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