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Le mythe de Sisyphe - Albert Camus

  • Photo du rédacteur: deslivresetmoi72
    deslivresetmoi72
  • 31 déc. 2019
  • 4 min de lecture

Cet essai de Camus, plus ardu à lire que ses romans, pose la question existentielle du sens de la vie, de savoir si la vie mérite d’être vécue si on considère son inutilité absolue. Camus envisage alors la solution (facile ! ) du suicide, sans en faire l’apologie puisqu' il tend plutôt à chercher le sens de la vie…et en soulève les absurdités. Son texte est truffé de références philosophiques, dont certaines m’étaient inconnues ce qui a pu parfois gêner ma compréhension.

Cette lecture m’a parfois semblé difficile, éloignée de ce que je lis habituellement, mais elle m’a fait m’interroger.

La première partie, exposant les fausses bonnes raisons de se tourner vers le suicide m’a beaucoup parlé, mais pour la suite, je doute d’avoir saisi toute la complexité des raisonnements philosophiques. J’ai lu certaines analyses de l’œuvre pour m’aider. Il faudrait, je pense plusieurs lectures et l’étude d’autres auteurs comme Kafka, Dostoïevski ou philosophes pour vraiment saisir les subtilités du propos de Camus.

La question essentielle est donc comment vivre bien en étant conscient de l’inutilité et des absurdités de notre vie. Camus explore plusieurs chemins possibles :

- le suicide pour mettre fin aux absurdités et à l’angoisse que génère l’idée d’inutilité

- la religion, s’en remettre à une puissance divine qui détiendrait la vérité absolue et donnerait sens à toute l’existence.

- comprendre et accepter l’inutilité de notre vie, et ainsi se sentir plus libre et agir en homme absurde pour vivre sans la prétention d’être utile


Extrait n°1

Il n'y a qu'un problème philosophique vraiment sérieux : c'est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d'être vécue, c'est répondre à la question fondamentale de la philosophie.


Extrait n° 2

En revanche, je vois que beaucoup de gens meurent parce qu'ils estiment que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue. J'en vois d'autres qui se font paradoxalement tuer pour les idées ou les illusions qui leur donnent une raison de vivre (ce, qu'on appelle une raison de vivre est en même temps une excellente raison de mourir). Je juge donc que le sens de la vie est la plus pressante des questions.


Extrait n° 3

Se tuer, dans un sens, et comme au mélodrame, c'est avouer. C'est avouer qu'on est dépassé par la vie ou qu'on ne la comprend pas. N'allons pas trop loin cependant dans ces analogies et revenons aux mots courants. C'est seulement avouer que cela « ne vaut pas la peine ». Vivre, naturellement, n'est jamais facile. On continue à faire les gestes que l'existence commande, pour beaucoup de raisons dont la première est l'habitude. Mourir volontairement suppose qu'on a reconnu, même instinctivement, le caractère dérisoire de cette habitude, l'absence de toute raison profonde de vivre, le caractère insensé de cette agitation quotidienne et l'inutilité de la souffrance.


Extrait n° 4

On se tue parce que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue, voilà une vérité sans doute - inféconde cependant parce qu'elle est truisme. Mais est-ce que cette insulte à l'existence, ce démenti où on la plonge vient de ce qu'elle n'a point de sens ? Est-ce que son absurdité exige qu'on lui échappe, par l'espoir ou le suicide, voilà ce qu'il faut mettre à jour, poursuivre et illustrer en écartant tout le reste.


Extrait n° 5

Dans certaines situations répondre « rien » à une question sur la nature de ses pensées peut-être une feinte chez un homme. Les êtres aimés le savent bien. Mais si cette réponse est sincère, si elle figure ce singulier état d’âme où le vide devient éloquent, où la chaîne des gestes quotidiens est rompue, où le cœur cherche en vain le maillon qui la renoue, elle est alors comme le premier signe de l’absurdité.


Extrait n°6

Un jour seulement, le « pourquoi » s’élève et tout commence dans cette lassitude teintée d’étonnement. « Commence », ceci est important. La lassitude est à la fin des actes d’une vie machinale, mais elle inaugure en même temps le mouvement de la conscience. Elle l’éveille et elle provoque la suite. La suite, c’est le retour inconscient dans la chaîne, ou c’est l’éveil définitif. Au bout de l’éveil vient, avec le temps, la conséquence : suicide ou rétablissement. En soi, la lassitude a quelque chose d’écoeurant.


Extrait n° 7

J’en viens enfin à la mort et au sentiment que nous en avons. Sur ce point tout a été dit et il est décent de se garder du pathétique. On ne s’étonnera cependant jamais assez de ce que tout le monde vive comme si personne ne « savait ». C’est qu’en réalité, il n’y a pas d’expérience de la mort. Au sens propre, n’est expérimenté que ce qui a été vécu et rendu conscient.


Extrait n° 8

En psychologie comme en logique, il y a des vérités mais point de vérité.


Extrait n° 9

L’absurde est essentiellement un divorce. Il n’est ni dans l’un ni dans l’autre des éléments comparés. Il naît de leur confrontation.


Extrait n° 10

« La seule vraie issue, dit-il, est précisément là où il n’y a pas d’issue au jugement humain. Sinon, qu’aurions-nous besoin de Dieu ? On ne se tourne vers Dieu que pour obtenir l’impossible. Quant au possible, les hommes y suffisent »


Extrait n° 11

Chercher ce qui est vrai n’est pas chercher ce qui est souhaitable.


Extrait n° 12

Le problème de la « liberté en soi » n’a pas de sens. Car il est lié d’une tout autre façon à celui de Dieu. Savoir si l’homme est libre commande qu’on sache qu’il peut avoir un maître. L’absurdité particulière à ce problème vient de ce que la notion même qui rend possible le problème de la liberté lui retire en même temps tout son sens. Car devant Dieu, il y a moins un problème de la liberté qu’un problème du mal. On connaît l’alternative : ou nous ne sommes pas libres et Dieu tout-puissant est responsable du mal. Ou nous sommes libres et responsables mais dieu n’est pas tout-puissant. Toutes les subtilités d’écoles n’ont rien ajouté ni soustrait au tranchant de ce paradoxe.


Extrait n° 13

C’était déjà vendre son âme que de ne pas savoir la réjouir. La satiété, Don Juan l’ordonne au contraire. S’il quitte une femme, ce n’est pas absolument parce qu’il ne la désire plus ; Une femme belle est toujours désirable. Mais c’est qu’il en désire une autre et non, ce n’est pas la même chose.

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