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Mon garçon - Xavier de Moulins


Merci à l’opération Masse Critique de Babelio et aux éditions Flammarion de m’avoir envoyé ce livre. J’en avais entendu parlé dans une émission de radio, sur Europe 1, lors d’une interview de Xavier de Moulins et je m’étais dit que j’aimerais découvrir le roman. C’est donc un souhait qui s’est réalisé.

Comme je l’attendais, c’est un récit très intime, qui se place directement dans le registre de l’émotion, des sentiments : ceux d’un adolescent éperdument amoureux mais cruellement éconduit, ceux d’un père pour son fils avec qui la communication est rompue, ceux d’un homme pour son ex-femme, ceux du même homme pour son premier amour…

Dans ce roman, tous ces émois se répondent et se font écho, entrent en résonance pour dresser une sorte d’autopsie de l’amour, car, bien sûr, on n’y réfléchit vraiment que quand on le perd et qu’on éprouve alors une douleur déchirante.

L’écriture est souvent touchante, évocatrice et touchera tous ceux qui ont un jour pleuré de désespoir amoureux. Il y a beaucoup de nostalgie qui transparaît.

Par contre, le recours aux « sentences » ou « phrases énigmatiques à message subliminal » dispensées par Eden, le « maitre-nageur », m’ont paru assez artificielles, et souvent trop « donneuses de leçons », comme si l’auteur voulait donner un mode d’emploi de la relation amoureuse, à la manière d’un coach en « feel-good » !

Quel est le cadre du roman ? Un père, parti vivre au Canada après son divorce, apprend que son fils a eu un accident de scooter, volontairement, pour tenter d’en finir, suite à une rupture amoureuse. Il décide de renouer avec son fils, va le chercher à l’hôpital pour l’emmener passer quelques jours de vacances. Pendant le voyage, il voudrait réussir à parler à cœur ouvert avec son fils, sans y parvenir : le récit déroule le fil des pensées, souvenirs, réflexions, émotions qui le traversent au cours de cette nuit, seul en voiture avec son fils.


Extrait P 16

Je ne me souviens pas où était ma mère. Ma mère ne m’a jamais rien transmis ; Elle s’est contentée de m’offrir son désordre. Son charme tout entier a fait succomber tous les hommes et noyé mon père dans le chagrin. Ma mère avait la beauté du diable et, le jour de sa mort, un visage d’ange sur son lit.


Extrait P 31

Je l’ai compris bien après : on a souvent abandonné depuis des années celle ou celui qui nous quitte un jour. Et dans ce genre d’histoire, mon garçon, il n’y a ni victime, ni bourreau.


Extrait P42

Au creux de mon cœur, j’ai pensé à lui dire ce qu’au bord du bassin Eden me répète parfois pour m’encourager quand il sent que je vais lâcher :

- Champion, il n’y a pas de chemin vers le bonheur, le bonheur est le chemin. Si la douleur est inévitable, la souffrance est une option.


Il paraît que les routes les plus chaotiques débouchent souvent sur les plus belles destinations.


Extrait P 47

Au cours de sa vie, on croit souvent mourir à cause des autres. Et un jour on prend conscience que les autres n’ont rien à voir avec ça. Tu verras.


Extrait P 111

J’aimerais surtout le prévenir des choses du cœur. Mais qu’est-ce que j’y connais ?

J’ai passé trop de temps à imaginer ma vie et à faire semblant, j’ai si souvent laissé croire à Florence que je dormais, alors que j’étais ailleurs. Je connais ces fugues immobiles. Je sais aujourd’hui qu’elles ne rendent pas heureux. Ne pas dire les choses, c’est mourir à petit feu en attendant que l’autre vous achève. On ne se tue pas par amour, Marcus, on sombre par désintérêt de soi et on atterrit un soir sur le parking d’une station-service avec un enfant qui ne nous connaît plus.

Lui parler, je dois lui parler. Comment ? C’est toute la question.


Extrait P 126

J’aime ta tête de petit con muré dans ses écouteurs. Le nez sur ton foutu téléphone, qu’espères-tu ?

Que faisons-nous sur nos écrans ? Attendons-nous un message de Dieu ? De simples mots d’amour ? Mais sommes-nous aimables ?

Nous avons tous les culots !

Est-ce que sa mère lui a écrit depuis que nous sommes partis ? Combien de messages a-t-il reçu ? Que ressent-il quand il voit « Maman » s’afficher sur son écran ?

Depuis que ma mère est morte, elle me manque. Quand elle était en vie, je voulais la voir morte. Il convient d’être prudent avec les sortilèges.

Tu veux bien, mon garçon ?

Apprendre est le plus précieux de tous les biens qui nous sont donnés. On ne termine jamais notre apprentissage.


Extrait P 133

Marcus, on passe sa vie à attendre qu’un autre vienne nous aider à nous sentir aimés, puis, quand cet autre entre enfin dans notre vie, on devient terrifié à l’idée qu’il puisse nous abandonner. Alors, pour limiter ce risque, on est prêt à tous les compromis, même à se taire, à changer ce que nous sommes pour devenir un autre. Nous devenons complices de notre propre destruction. Il n’y a pas de meilleur moyen de se perdre.

Trop de gens qui ne s’aiment pas se tuent à prétendre l’amour.

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