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Nos espérances - Anne Hope


Roman que j’avais mis de côté depuis longtemps, mais qui avait sombré dans les profondeurs de ma liseuse. Quand je l’ai ouvert, par hasard, je ne me souvenais plus pourquoi je l’avais sélectionné, je l’ai donc abordé avec curiosité, sans attente particulière. J’ai littéralement adoré ce livre ! Il est à la fois prenant, intéressant et divertissant, facile à lire et bien construit.

Les trois principales figures du roman sont trois amies au moment où elles construisent leur vie d’adulte. Jeunes femmes modernes d’une vingtaine d’années dans les années 1990, elles sont colocataires dans une maison du centre de Londres. Elles se connaissent depuis l’adolescence et grandissent ensemble, tout en prenant chacune des chemins bien distincts. Elles ont des personnalités bien marquées, avec des envies personnelles différentes. Elles sont pétillantes, pleines de rêves concernant leur avenir, engagées pour le féminisme, la protection de l’environnement. Elles profitent de leur jeunesse et de la vie, aiment faire la fête, aller au spectacle, au pub, au théâtre…

15 ans plus tard, elles sont toujours liées, mais leur relation a évolué et l’autrice navigue habilement entre ces deux périodes pour nous parler à la fois de la construction individuelle de leurs vies d’adultes et de la place et du rôle de l’amitié à différentes époques de la vie.

Lissa enchaîne les castings, espérant devenir une grande actrice. Elle est célibataire après une relation difficile avec un acteur reconnu et elle aspire à trouver l’homme de sa vie ; Cate s’est mariée avec Sam, un cuisinier et ils ont fondé une famille en s’installant dans une petite maison en grande banlieue de Londres. Cate s’interroge beaucoup sur sa place de femme et de mère dans la société, elle culpabilise de ne pas s’épanouir dans son rôle de mère au foyer et déprime. Hannah travaille d’arrache-pied, cadre pour une ONG, elle incarne la réussite professionnelle, et elle est mariée avec Nathan, universitaire. Elle rêve de devenir mère, un enfant étant la seule chose qui manque pour parfaire son bonheur : elle enchaîne examens, traitements contre l’infertilité, tentatives de FIV… Cela tourne à l’obsession et leur couple en souffre.

L’autrice aborde toutes les facettes de la vie des jeunes femmes : amour, famille, liens avec les parents vieillissants, amitié, maternité, carrière. Avec le temps, leur amitié, toujours forte semble passer au second plan et devient plus ambivalente : elles sont toujours très liées, solidaires dans l’adversité, mais il y a aussi entre elles de la rivalité, des trahisons, des petits ou gros mensonges. Elles se réjouissent tout en enviant ce que les autres réussissent : Lissa voudrait, comme ses amies avoir un mari, trouver sa place d’actrice, mieux gagner sa vie sans renoncer à sa vocation d’artiste. Hannah voudrait devenir mère et ne comprend pas le blues maternel de Cate. Cate regrette la liberté apparente de la vie de célibataire que mène Lissa…

J’ai vraiment aimé tout ce roman, j’ai trouvé les trois femmes très attachantes et représentatives de notre époque ; l’autrice a su les rendre attachantes dès les premières pages ! Je n’avais pas envie que le livre se termine !


Extrait 1

Elles habitent la plus belle maison au bord du plus beau parc dans le plus beau quartier de la plus belle ville de la planète. Elles ont encore la majeure partie de leur vie devant elles. Elles ont fait des erreurs, mais rien de fatal. Elles ne sont plus jeunes, mais ne se sentent pas vieilles. La vie est encore malléable et pleine de potentiel. L’entrée des chemins qu’elles n’ont pas empruntés ne s’est pas encore refermée. Il leur reste du temps pour devenir celles qu’elles seront.


Extrait 2

Elle n’est pas douée pour être célibataire. Les célibataires doués font des projets pour le week-end – sachant la détresse de cette embuscade, ils la parent à coups de brunchs, de cours de yoga, d’expos et de dîners –, or elle n’a aucun projet pour le week-end, rien qu’une gueule de bois, sa propre compagnie et la longue journée qui l’attend. Elle envisage de retourner se coucher.


Extrait 3

C’est toi qui as demandé à Tamsin d’organiser un mardi avec ta mère ? » L’expression de Sam lui donne sa réponse. « Tu n’as pas pensé à me demander mon avis avant ? — Je pensais que ça te ferait du bien. Je pensais que tu serais soulagée. — Je pensais que tu aurais la courtoisie de me consulter avant de réorganiser ma vie. — Waouh. OK. J’essaie simplement de t’aider. Je pensais que c’était ce dont les mères avaient besoin. — Je n’appelle pas ça de l’aide. J’appelle ça une embuscade. — Bon Dieu, Cate », s’écrie-t-il, les mains levées.

Elle part dans la cuisine. Tremblante. Elle se retourne vers le salon, où Sam lui tourne le dos. Il s’est déjà lancé dans un jeu vidéo quelconque, a remis son casque sur ses oreilles. C’est le schéma classique de leurs soirées. Un petit échange passif-agressif, puis ordinateurs séparés dans fauteuils séparés. Quand elle a de la chance, elle a le canapé. Et après ils vont se coucher. Dans des lits séparés. Et ainsi de suite…

Extrait 4

Comme si l’univers en avait quelque chose à carrer que tu te sois cassé le cul ou non au boulot, que tu aies payé tes impôts et ta redevance télé, que tu sois la sous-directrice d’une grosse ONG mondiale, que tu aies épousé un homme adorable qui est maître de conférences dans une des meilleures facs de Londres et que tu étais la première à lever la main en classe. Et voilà ce que Lissa aurait eu envie de rétorquer : Il arrive des trucs horribles aux gentils tout le temps. Tous les jours. Tu regardes pas les infos ?


Extrait 5

Dans la glace, la bouche de Lissa est contractée en une mince ligne. Elle est en colère. En colère contre Cate. Elle ne peut pas s’empêcher de la tenir pour responsable de ce qui s’est passé. Et aussi en colère – même si elle sait que c’est injuste – contre Hannah et sa générosité, cette villa, ces vacances. Elle aimerait que ce soit elle qui puisse être généreuse, qui puisse faire plaisir à ses amies. Mais Hannah est gentille. Hannah est dévouée. Hannah travaille dur, elle est donc récompensée à sa juste valeur. Alors que Lissa est fauchée. C’est peut-être sa beauté qui est en cause. Sa beauté, ce don qu’elle n’a pas demandé. Peut-être que ça l’a pervertie, rendue paresseuse. Trop exigeante envers la vie.

Extrait 6

Parfois on dirait que la liste de leurs inquiétudes est infinie, qu’elles sont corrodées par l’inquiétude, creusées – elles et tous les gens avec qui elles parlent, ces derniers temps. Mais elle est longue, aussi (même si parfois elle est plus difficile à énoncer), la liste des choses dont elles sont reconnaissantes : des petits instants de grâce, qui ne paraissent plus si petits. Des moments.

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