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Opération Napoléon - Arnaldur Indridason


Un roman policier qui m’attendait depuis plusieurs années je crois ! L’intrigue se déroule sur quelques jours, à un rythme intense. En Islande, Kristin, employée d’un ministère, reçoit un appel mystérieux de son frère qui lui parle de soldats américains sur un glacier. Peu de temps après, son frère « disparaît » et Kristin est victime d’une tentative d’assassinat. Elle se lance alors sur les traces de son frère pour tenter de le secourir et pour découvrir ce qui se trame sur ce glacier. Les soldats américains, basés en Islande depuis la fin de la seconde guerre mondiale, mènent une opération mystérieuse et confidentielle : récupérer l’épave d’un avion qui s’était écrasé sur le glacier à la fin de la seconde guerre mondiale. Les responsables de cette opération ne reculent devant rien pour protéger le secret et les vies de Islandais trop curieux sont en jeu. Qu’y-a-t’il de si important ou dangereux dans cet avion ? Qui tire les ficelles de cette opération secrète ? C’est le cœur de ce roman bien mené et palpitant.

Ce fut une lecture agréable, sans être extraordinaire : l’intrigue est originale et bien construite, avec du suspense, mais j’ai eu du mal à me « projeter » à m’attacher à Kristin : ses actions m’ont semblé trop invraisemblables pour que je me sente impliquée. Cela reste un avis très personnel…et je suis sûre que les amateurs de policiers à tendance « Espionnage / historique » seront comblés.


Extrait P 17

Dans sa quête de l’avion perdu, le colonel Miller était comme un possédé. Il semblait insensible à la fatigue et gagna l’admiration des deux frères, qui le traitaient avec un mélange d’affection et de respect, prêts à tout faire pour lui. Miller s’appuyait beaucoup sur leur connaissance de la région, et ils se lièrent d’amitié. Mais finalement, les opérations ayant déjà été suspendues par deux fois en raison des terribles conditions qui régnaient sur le glacier, le colonel fut contraint d’abandonner ses recherches. Lors de la deuxième tempête, les tentes et tout l’équipement se retrouvèrent ensevelis sous la neige, perdus à tout jamais. Certains détails de cette expédition restaient pour les deux frères une énigme.

Un jour, ils étaient tombés sur Miller, seul, dans les écuries en train de caresser l’un de leurs chevaux, dans son box. Le colonel, qui les avait impressionnés par son courage et l’autorité dont il faisait preuve sur ses troupes, s’était manifestement isolé pour pleurer. Il tenait dans ses mains la tête de l’animal, et ses épaules tremblaient.


Extrait P62

Carr s’interrompit quelques instants pour organiser ses idées. Il avait à présent toute l’attention du ministre.

- Nous ne savons pas précisément quelle était sa destination, poursuivit-il. Mais ce qui est sûr, c’est que l’or n’a pas dépassé la ville de Walchensee, en Bavière, où il a été enterré dans un endroit tenu secret, près de la centrale électrique d’Obernach. Il a été déterré peu après par certains de nos hommes, puis il a disparu. C’était en février 1945. La guerre touchait à sa fin. Nos hommes auraient entendu parler de cet or par le plus grand des hasards, puis l’auraient récupéré et rapatrié aux Etats-Unis. Le gouvernement américain a toujours refusé de s’exprimer sur cette affaire, mais elle a provoqué un scandale politique, et les médias allemands ressortent régulièrement l’histoire de l’or de Walchensee. Personne ici ne sait ce qu’il est devenu – même si, naturellement, les Allemands refusent de nous croire.

- Bon Dieu, vous voulez dire qu’il se trouverait dans cet avion, sur le glacier ? interrogea le ministre, abasourdi.

Il avait tout gobé – l’hameçon, la ligne et le bouchon.-


Extrait P 83

Carr avait hérité de l’avion du Vatnajökull au début des années 70, quand il prit le commandement de l’organisation et qu’au cours des cinq ans nécessaires pour apprendre tous les ressorts de ses nouvelles fonctions, son prédécesseur l’avait progressivement mis au courant de la présence d’un avion allemand dans les glaces, et des détails de cette histoire. A l’issue de cette période de transition, Carr connaissait tout sur cet avion et ce qu’il transportait, et savait ce qu’il fallait faire au cas où l’on retrouverait un jour l’appareil porté disparu. L’opération en cours obéissait à une procédure préétablie, que Carr avait sans cesse revue et modifiée au fil des ans. Seuls une poignée de militaires haut placés connaissaient l’existence de l’avion et la procédure à suivre en cas de réapparition. Cette information, classée top-secret depuis cinquante-quatre ans, n’était jamais sortie de ce cercle restreint, où elle était transmise de génération en génération par ceux qui occupaient des postes concernés. Carr lui-même ne connaissait pas tous les détails de cette histoire, même s’il en savait bien assez pour ne pas vouloir imaginer les répercussions à venir si la nouvelle de ce que contenait l’avion venait à se répandre.


Extrait P 194

Ayant achevé sa lecture, il resta planté au milieu de la tente, abasourdi, enveloppant d’un regard vide les documents, la mallette, les passeports et le journal du pilote. Il lui fallut un long moment pour saisir toutes les implications et les replacer dans le contexte de ce qu’il savait déjà. Il examina à nouveau les signatures, passa en revue tous les noms mentionnés. Ils lui étaient très familiers.

Peu à peu, ses pensées éparses s’organisèrent. Il comprenait les mensonges, à présent. Il comprenait les mensonges, à présent. Il comprenait toute la désinformation qui avait été répandue. Soudain, il saisissait l’importance de cet avion, et pourquoi ils avaient passé des décennies à le chercher.

Ratoff grimaça lorsque la vérité se leva enfin dans son esprit. S’ils avaient vraiment exécuté ce plan, puis organisé cette vaste opération militaire pour protéger leur secret, alors il était lui-même clairement en danger. On l’éliminerait à la première occasion ; ils l’auraient assassiné de toute façon, même s’il n’avait pas lu les documents. Carr savait depuis le début qu’en cas de succès, cette mission signerait son arrêt de mort. L’ironie de cette histoire lui arracha un sinistre sourire. Il aurait fait la même chose, à leur place. Il regarda de nouveau les documents et secoua la tête.


Extrait P333

Alors qu’il se trouvait encore sur le glacier, Ratoff était parvenu à la conclusion que la raison pour laquelle Carr l’avait choisi pour diriger cette mission était finalement assez simple : il considérait qu’on pouvait aisément le sacrifier. Il serait assez simple de le faire disparaître. Il était une source d’embarras, le vestige d’une époque que tout le monde voulait oublier. Ratoff en était convaincu : Carr savait exactement ce que cet avion contenait, de même sans aucun doute, qu’une poignée d’autres hauts gradés des renseignements militaires. Ce qu’il ignorait, en revanche, c’est si quelqu’un d’autre connaissait ce secret. Il n’était même pas sûr que qui ce soit, en dehors de l’armée, sache ce qui était en train de se passer. Pour la première fois depuis des années, Ratoff se sentait menacé, et cette sensation avait réveillé son instinct animal.



Extrait P390

- Je veux seulement savoir ce qui se passe. C’est quoi la vérité ?

- Kristin, Kristin, vous posez trop de questions, répliqua Carr. La vérité et le mensonge ne sont que des moyens d’arriver à une fin. Je ne fais aucune distinction entre les deux. On pourrait dire que nous sommes des historiens qui essaient de corriger certaines des erreurs commises durant ce siècle finissant. Ca n’a rien à voir avec une quelconque vérité, et puis, de toute manière, ce qui appartient au passé n’a plus d’importance aujourd’hui. Nous réinventons l’histoire en fonction de nos intérêts. L’astronaute Neil Armstrong est venu un jour en Islande – cela, nous le savons. Mais qui peut dire avec certitude qu’il a posé le pied sur la Lune ? Qui le sait ? Nous avons vu les images, mais quelle preuve avons-nous qu’elles n’ont pas été filmées dans un hangar de l’US AirForce ? Est-ce cela, la vérité ? Qui a tué Kennedy ? Pourquoi avons-nous fait la guerre au Vietnam ? Staline a-t-il vraiment tué quarante millions de personnes ? Qui connaît la vérité ?



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