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Seul l'espoir apaise la douleur - Simone Veil


Dans la série récits sur la seconde guerre et le nazisme, après celui de Lola Lafon et la relecture du Journal d’Anne Frank, j’ai poursuivi avec ce témoignage de Simone Veil, acheté et conseillé par ma fille. Il s’agit de la retranscription du témoignage qu’elle a enregistré en mai 2006 pour l’INA et la fondation pour la Mémoire de la Shoah. Ayant déjà lu / vu plusieurs témoignages ou biographies de Simone Veil, je n’ai pas découvert beaucoup de nouveaux faits, mais plutôt sa façon de les relater : ses propos spontanés, dépouillés d’artifices littéraires, avec des mots simples rendent le message bouleversant et percutant. Un témoignage essentiel à transmettre.


Extrait P 45

Je parlais de nos lectures, j’y ai repensé souvent, c’est curieux de penser que mon père qui était si attentif à ce que nous lisions n’ait pas été très attentif à notre travail, à nos résultats. En revanche, quand nous étions jeunes enfants encore, très jeunes, il nous faisait la lecture, il nous lisait les contes de Perrault, les Fables de La Fontaine, toujours des classiques. Plus tard, il ne supportait pas qu’on lise des petits romans idiots qui étaient à la mode quand nous avions 13-14 ans, des petits romans d’amour ou des choses qu’il considérait comme de la littérature, enfin pas de la littérature, comme vraiment des livres qui n’apportaient rien et qui étaient tout à fait ridicules. Alors je me souviens d’avoir été très étonnée quand, j’avais, je ne sais pas, 14 ans, il m’avait donné à lire Montherlant. Il n’aurait jamais accepté que je lise un petit roman anglais, « mal traduit en plus », ajoutait-il… Je me souviens aussi très jeune d’avoir lu La sonate à Kreutzer de Tolstoï parce que c’était une bonne traduction, c’était de la bonne littérature. Il ne supportait pas qu’on lise des magazines qu’il trouvait tout à fait vulgaires et tout à fait inintéressants. Il avait une conception très forte de ce qui pouvait nous cultiver, nous enrichir, et au contraire, de ce qui pouvait galvauder nos pensées, vulgariser nos façons de voir. C’était quelquefois un peu difficile, un peu décalé par rapport à ce que faisaient certains de nos camarades, mais en même temps, je crois que ça nous a beaucoup enrichis.

 

Extrait P50

Tout le monde aimait ma mère. Et au camp, puisqu’elle a été déportée avec nous, mes amis conservent d’elle un souvenir exceptionnel, parce que même très malade, plus tard presque mourante, elle a toujours donné du courage à tout le monde, elle disait « on va rentrer, ça s’arrangera », elle aurait tout donné, ce qu’elle avait, quand elle avait quelque chose, elle était incapable de se défendre. Si elle avait un bout de pain, elle le donnait à quelqu’un dont elle pensait qu’il avait plus faim qu’elle. Et je crois que toute sa vie a été une vie de générosité, une vie vers les autres, sans avoir conscience ni de sa beauté exceptionnelle, ni de sa bonté exceptionnelle, ni de sa dignité. Car, dans les périodes les plus difficiles, elle a toujours montré une dignité extraordinaire, (plus bas), vraiment extraordinaire.


Extrait P 55

A Nice, avant le déclenchement de la guerre, en 1939-1940, on en avait beaucoup entendu parler, tout de même, de l’Allemagne, parce que dès 1933-1934, et surtout dans les années suivantes, il y a eu beaucoup de réfugiés, de réfugiés politiques, beaucoup venaient d’Allemagne mais aussi d’Autriche à partir de 1938. Ce qu’ils racontaient était épouvantable, tellement épouvantable qu’on avait quelquefois du mal à les croire. Enfin, on se rendait compte qu’il y avait tout de même des situations… Quand ils parlaient des personnes arrêtées, on les imaginait dans les camps, mais ils parlaient aussi de gens qui recevaient des boîtes dans lesquelles il y avait des cendres, ils racontaient tout de même beaucoup de choses terribles qu’on ne croyait pas. Aussi bien d’ailleurs pour ce qui concerne les camps des communistes et des sociaux-démocrates, et de la répression, qu’en ce qui concerne les Juifs. A Nice, ce sont surtout des Juifs qui ont été réfugiés, et on avait du mal à les croire.

On a eu des réfugiés chez nous. A ce moment-là, ceux qui étaient partis à temps avaient quand même un peu d’argent, ils n’étaient pas dans la misère. Maman s’est beaucoup occupée de les accueillir, elle allait voir comment on pouvait les aider à trouver un travail, à s’installer, à vivre, donc on était aussi informés qu’on pouvait l’être. Mais on faisait toujours la part des choses en disant : «  C’est pas possible que ça se passe de façon aussi organisée et avec autant d’ampleur. »

 

Extrait P 63

On était donc allés à l’Exposition universelle, avec nos cousins et cousines. Un adulte nous accompagnait sûrement, je ne sais pas qui. Quand on est rentrés, on y avait passé la journée, on a dit qu’on avait déjeuné ; au pavillon d’Alsace, on avait mangé une choucroute. Une grand-mère de mes cousines était là. Ça devait être notre grand-mère à nous qui nous avait emmenés, la grand-mère paternelle de mes cousins. Et quand elle a appris qu’on avait mangé ce jour-là une choucroute avec du porc, elle a été horrifiée : c’était le jour de Kippour, et elle avait jeûné. (Elle rit.) Voilà comme j’ai appris ce qu’était Kippour !

Une autre fois, une cousine m’avait emmenée à la synagogue, je crois que c’était plus tard, en 1939, juste avant la guerre. C’était une cousine italienne qui allait à la synagogue et qui m’avait emmenée. Mon père lui a dit : « Si j’apprends encore une fois que tu l’as emmenée à la synagogue, tu ne mettras plus jamais les pieds chez nous. » Je ne pense pas du tout qu’il était franc-maçon, mais il état profondément laïc, comme d’ailleurs Maman. Tout à fait laïc, avec un humanisme, une philosophie et une morale extrêmement exigeants.

 

Extrait P 82

Je suis arrêtée dans la rue à Nice, dans l’ancien quartier où nous habitions qui s’appelait le quartier des musiciens, assez près de l’hôtel Excelsior où ils mettaient les gens avant d’être… et pas très loin de la gare SNCF. Je ne sais plus si c’étaient deux personnes, je crois, une femme et un homme qui me demandent mes papiers. J’étais avec deux camarades, je les ai sortis sans imaginer qu’il y avait un risque. Et ils nous ont emmenés tous les trois à l’hôtel de la Gestapo qui n’était pas loin à pied. Ils m’ont dit : « Vous avez des faux papiers, etc. » J’ai tout de suite dit : « Mais non. Non, non. » Et ils m’ont montré toutes ces cartes. Alors je me suis dit qu’il fallait prévenir ma famille pour qu’ils changent de carte d’identité. J’ai demandé à un garçon d’aller le dire chez les gens qui m’hébergeaient, je lui ai donné l’adresse, persuadée qu’il n’y avait aucun risque que quiconque de ma famille y soit. Je pense qu’ils ont suivi ce garçon, et par un hasard vraiment effroyable, ils sont tombés dans l’escalier sur les gens qui étaient là, sur Maman, sur mon frère… Mon frère qui n’était même pas circoncis, qui n’aurait jamais dû être là… Ni Maman ni mon frère n’étaient jamais venus là. Jamais.


Extrait P 90

Au moment où le convoi est formé, où ls gens qui partent dans le convoi le lendemain matin tôt sont avertis, ils précisent que les hommes de moins de 50 ans et les jeunes gens de plus de 18 ans ne partent pas. C’est comme ça que mon frère reste à Drancy et n’est pas déporté à Auschwitz. Et quant aux autres, quand on part, on ne sait pas… On dit qu’on va travailler… En Allemagne ? On ne sait pas où. Mais parmi les responsables juifs du camp, certains doivent se douter de ce qui se passe. On dit qu’on va à Pitchipoï (= monde imaginaire en yiddish) … Est-ce que c’est l’Allemagne ? Est-ce que c’est la France ? La Pologne ? On pense qu’on restera en famille. On ne pense pas qu’il y aura une séparation. Personne n’imagine ou n’évoque les chambres à gaz. Vraiment personne. Alors on se dit : « Bon, ça sera dur, on travaillera, on rentrera, on fera un repas pour les enfants. » On n’imagine pas… (Elle marque une pause)


Extrait P 110

La vraie question, c’est la dignité, parce que le camp, c’était cette volonté d’humiliation. C’est le sentiment qu’on a tous éprouvé, je crois. On a eu faim, on a eu soif, on a eu froid, on avait sommeil. Le manque de sommeil m’apparaît être une chose terrible parce que les derniers jours avant la libération de Bergen-Belsen, je travaillais à la cuisine, on rentrait, on ne dormait pas de la nuit. C’est horrible, la privation de sommeil. Je dormais en marchant. Mais l’humiliation, c’était une chose qui était voulue en plus, gratuite. Par exemple, quand on allait se mettre à manger, on pensait que le SS allait donner un coup de pied dans notre bol, et alors ou bien on ne mangeait pas, ou alors on ramassait ce qui était par terre… C’était une humiliation permanente.

Très vite, Maman a été en mauvais état physique, mais elle était toujours très droite, elle avait toujours une dignité formidable et elle nous incitait à la garder. D’une part à être digne et, d’autre part, à avoir confiance en l’avenir.

 

Extrait P 145

Je faisais un travail qui avait l’air très reposant et sans inconvénients, mais qui a été terrible, d’abord parce que j’ai failli me faire renvoyer à plusieurs reprises. Même les Allemands n’avaient plus rien, plus de farine, rien. Mais ils avaient des pommes de terre. Alors on avait des tonneaux de pommes de terre qu’on  devait râper avec de grosses râpes. J’avais l’impression que je mettais plus de sang dans le tonneau que de pomme de terre râpées. Toute ma peau partait en râpant, parce que je n’arrivais pas à aller assez vite. On devait remplir un tonneau dans la journée, ce qui était impossible. Alors, en douce, je rajoutais de l’eau – comme les pommes de terre rendent beaucoup d’eau de toute façon… -, mais malgré cela, je n’arrivais pas à faire mon plein. Et on ne dormait presque pas la nuit parce qu’il y avait des alertes, très souvent on rentrait très tard dans le camp.

Dans la cuisine des SS, ils faisaient cuire du lait. Alors je volais – moi qui n’aimais pas le lait et qui n’aime toujours pas ça -, je volais deux ou trois verres. S’il y avait un peu moins de lait, personne n’y voyait rien, il n’y avait aucun risque : les grandes cuves de lait étaient juste à côté de l’endroit où il y avait mes râpes à pommes de terre. Alors je me levais, et j’allais boire un verre de lait. J’étais incapable de manger, je devais peser, au moment de la Libération, 30-35 kilos.

Une fois, je me suis fait prendre avec du sucre que j’avais volé pour Maman. J’ai dû – je ne sais pas combien de temps – ramper par terre, mais ils m’ont laissé le sucre. Je ne sais pas s’ils ont oublié de le reprendre ou s’ils se sont dit que j’avais suffisamment payé et qu’ils me l’ont laissé.

J’ai dû avoir le typhus sans même m’en rendre compte. Je crois que toutes maladies que j’ai eues dans ma vie, ça a toujours été des maladies qui ne m’ont pas trop affectée comme la scarlatine dont je parlais plus tôt. Je ne suis jamais malade, jamais la grippe, jamais rien. Et là, j’ai eu le typhus, c’est ce que m’a dit un médecin bien plus tard d’après des tests en rentrant. Ma sœur l’a eu très gravement et Maman est morte du typhus. Le typhus se répand par les poux. Il y avait tellement de poux dans les vêtements qu’on n’arrivait plus à s’en débarrasser.

 

Extrait P 151

 On a été libérées le 17 avril, si je me souviens bien – le 15 ou le 17, je ne sais jamais exactement -, et on est rentrées le 23 mai, donc on est parties de 18 mai. C’est-à-dire qu’on n’était pas du tout pressé de nous faire rentrer. En réalité, on ne nous a pas soignées du tout. On n’a pas eu de régime adapté. Ma sœur a pu manger à peu près convenablement des choses qu’elle obtenait grâce aux soldats français. C’étaient des officiers juifs qui étaient à Lübeck, et qui, sachant que des femmes juives étaient là, sont venus ; les soldats, eux, n’ont fait que passer. Mais des soldats français dans le stalag, juste à côté, sont venus nous voir plusieurs fois. Ces soldats qui avaient été en captivité quatre ou cinq ans ont été formidables pour nous. Mais je ne sais pas ce que les autorités françaises faisaient. Les Français savaient qu’il y avait tout de même pas mal de Français là, parce qu’un officier de liaison était sur place pour faire les papiers, c’est tout. Il y avait également un jeune médecin qui voulait absolument rester pour nous soigner mais il n’en a pas eu l’autorisation. Il a dû repartir assez rapidement. Eux sont rentrés en avion. Il avait apporté des cigarettes – on n’avait pas du tout envie de fumer, mais les cigarettes m’ont permis de faire des achats. On n’avait absolument pas le droit de sortir, on était alors dans les casernes de SS hongrois qu’on avait déménagés. Complètement enfermées. Je passais sous les barbelés pour sortir et aller dans les fermes, où je troquais des cigarettes. C’est comme ça que j’ai rapporté des pommes de terre, du lait pour ma sœur, pour qu’elle puisse se nourrie, parce que sans ça…Il n’y avait que les rations de l’armée.

Puis on a quitté le site. On n’a pas vu très bien ce qui se passait. On ne s’est pas beaucoup occupé de nous. Les Anglais étaient toujours en guerre, ils ont fait ce qu’ils ont pu. Les prisonniers de guerre sont rentrés très vite, par avion, nous on est rentrés en camion, entassées, plus ou moins de bout et mal installées ou assises dans le fond.

 

Extrait P 166

J’apparaissais tout de même à Sciences Po comme un objet non identifié, avec l’envie de travailler. Si je sortais le soir – je sortais très peu -, c’était vraiment pour me forcer à sortir, mais c’était sans aucun plaisir, aucun goût, j’étais perdue dans ce milieu. Je me souviens d’une soirée, un peu plus tard, chez un camarade de la même conférence que mon fiancé. J’étais invitée chez lui, et j’étais tout d’un coup tellement perdue – il habitait boulevard Suchet -, il y avait de grands rideaux et je m’étais cachée dans ces rideaux pour ne pas avoir à parler à qui que ce soit. La vie était très difficile.

 


Extrait P 172

Elle (une de ses  belles-sœurs) ne parle jamais du camp, elle n’aime pas en parler. Ses parents ne supportaient pas. Ça, on ne parlait pas du camp. Quand on en parlait toutes les deux, au début, on a vu que ça déplaisait à tout le monde. Mais si nous déjeunons ensemble – ce qu’on fait de temps en temps -, on ne parlera que du camp. Elle connaît très bien Marceline ; elle a de très bonnes amies anciennes déportées. Mais j’ai su par mes fils, qui parlent avec leurs cousins, qu’elle n’en a jamais parlé à ses enfants.

Tout de même, le silence, l’incompréhension qui nous ont été imposés, c’était trop lourd. Je pense que pour nos familles, c’était trop difficile à entendre. Probablement aussi qu’on en parlait avec une telle brutalité sans s’en rendre compte, je ne sais pas… Et quant aux autres, je crois qu’il y a un livre d’un journaliste, il s’appelle Birnhaum, je crois, qui dit que le silence a été organisé et voulu pour la réconciliation. Il dit que c’est encore plus vrai pour les Juifs que pour les Résistants. Même si j’ai senti une différence de traitement entre ma sœur Denise qui avait été arrêtée comme résistante et Madeleine et moi.

 

Extrait P 180

Chacun de ces drames a sa spécificité. Ils ne ressortent pas de la même, je dirais, essence, intellectuelle, culturelle ou autre. Mais amener des bébés de toute l’Europe pour les tuer, c’est quand même particulier. (Elle marque une pause.)

Toutes les guerres ont eu des conflits, des horreurs. D’un côté, ce sont des gens qui se connaissaient, qui avaient des choses qui les confrontaient, de l’autre pas. Et ça m’énerve de ne pas pouvoir faire comprendre ça aux gens. Je reste trop meurtrie. Ce n’est pas par rapport à ma famille, mais par rapport à ce que j’ai vu, par rapport à ces Hongrois qui sont arrivés dans des trains… Je ne peux pas…

Ce n’est pas une question de pardon, parce que de toute façon, les Allemands qui sont là maintenant n’y sont pour rien. Mais nous devons rappeler le fait. J’ai longtemps dit, et je le dis encore : sur mon lit de mort, je crois que c’est à ça que je penserai, pas à mes parents. Au fait lui-même. Aux bébés. Un million et demi d’enfants, comme ça. Et quand je vois mes petits-enfants, je pense à ça. Je ne le leur dis jamais, naturellement… (Elle marque une longue pause, très émue.)

Je ne souhaite jamais de mal aux autres, mais on n’a pas le droit d’oublier. On leur doit ça, à ceux qui sont morts. Enfin, moi, je ne peux pas, et puis c’est tout. Quand je vois les photos, que ce soit au musée de Washington ou à l’exposition organisée par Karsfeld, quand je vois tous ces enfants, j’ai envie de pleurer.

 

Peut-être que pour moi, ce qu’il est important de dire et de redire, c’est combien, lorsque nous étions au camp, pour chacune d’entre nous, il était important d’espérer, de penser que certaines rentraient et parleraient, et témoigneraient. On parle souvent du devoir de mémoire ; c’est une expression que je n’aime pas beaucoup. C’est un besoin, la mémoire. Mais en ce qui nous concerne, c’est un devoir de transmission que nous avons, parce que nous l’avons promis. Toujours, nous nous disions : il faut qu’on sache, il faut qu’on sache comment ça s’est passé, il faut qu’on sache tout.

 

Extrait P 210

Si on considère la situation des Français déportés, par rapport à tous les autres pays qui ont été occupés – à l’exception du Danemark, mais je crois qu’il y avait cinq-cents Juifs, enfin, qu’ils étaient très peu – c’est en France qu’il y a eu le moins de Juifs qui ont été exterminés. La proportion est… - je ne sais pas-, aux Pays-Bas c’est 80 %, en Grèce 90 %, en Pologne presque tout le monde. Même la Roumanie qui n’a pas été occupée, a connu en fait, par coopération entre les autorités roumaines et allemandes, des massacres épouvantables, la Hongrie a eu un pourcentage de juifs qui ont été déportée….

C’est très largement grâce au courage des Français moyens. Le plus souvent, ils n’ont même pas voulu qu’on leur fasse des dossiers de Justes. Ils pensaient avoir fait ce qu’ils devaient an prenant des enfants chez eux, et en cachant des gens. Alors il y a eu des dénonciations, bien sûr, il ne faut pas les nier. Elles ont existé, et elles sont même souvent restées dans les archives. Mais il y a eu aussi beaucoup de gens qui, au moment où on venait arrêter une famille, ont pris un enfant avec eux et oint dit ; « Mais non, c’est mon enfant. » Des gens dont on ne pouvait pas du tout penser qu’ils avaient une vocation particulière. Il y a aussi eu des réseaux qui ont aidé à faire partir des enfants vers la Suisse ou vers l’Espagne. Quand on considère un pays, il ne faut pas considérer uniquement son gouvernement, les politiques ou ceux qui, simplement par ambition, par lâcheté, se positionnent par rapport à la force, mais aussi ce que représente la population moyenne, ce qu’elle pense, comme elle réagit, contrairement à ce qu’a pu montrer un film comme Le Chagrin et la Pitié.

C’est vrai que tous les Français n’ont pas été résistants, peut-être qu’on a un peu trop parlé de la Résistance, mais c’était aussi une façon de remonter le moral du pays, et i y a une chose concrète, objective, c’est le nombre d’arrestations. Elles sont beaucoup trop nombreuses, bien sûr, mais par rapport aux autres pays… ça montre que tout de même il y a eu beaucoup de solidarité.

 

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