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Son carnet rouge - Tatiana de Rosnay

Dernière mise à jour : 5 janv. 2020


C’est un recueil de nouvelles, format que je lis trop rarement car, à chaque fois, je trouve ces lectures très récréatives et agréables. Chacune de ces nouvelles traite de l’infidélité, de la trahison dans le couple ou de la jalousie, en balayant différents schémas : le coureur de jupons, celui qui quitte sa femme pour un homme, celui qui « s’amuse » avec une jeunette en racontant à sa femme qu’il part en stage ou séminaire pour son travail, celui qui recourt en cachette aux services sexuels d’une « professionnelle », le prof qui profite de son statut pour accumuler les conquêtes de jeunes femmes alors qu’il est marié et père de famille. Le thème est donc ultra-classique mais ces nouvelles sont teintées d’humour, les situations décrites pourraient toutes être dramatiques mais Tatiana de Rosnay en souligne plutôt la cocasserie, le côté grotesque. Certes, c’est globalement désenchanté, mais c’est sur un ton léger, détaché, dédramatisant et souvent drôle…même quand on est plus spécialement concernée par un de ces récits ! Mieux vaut en rire plutôt qu’en pleurer !


Extraits


Que dois-je faire maintenant ? Elle paraît idiote, cette question, et j’espère que vous n’êtes pas en train de sourire, c’est idiot, c’est banal, oui, les maris trompent toujours leur femme, on nous le dit, on nous prévient, quand on est toute petite, on voit son père tromper sa mère, son oncle tromper sa tante, son grand-père tromper sa grand-mère, oui, on sait tout ça, on le sait, mais quand c’est votre mari, votre mari à vous, celui-là même à qui vous avez dit oui, toute rougissante dans une église fleurie avec une belle robe blanche, celui-là même qui vous a fait un enfant et qui projette de vous en fabriquer d’autres, celui-là même qui dit vous aimer et qui est si gentil, si tendre, figurez-vous qu’il descend même la poubelle, qu’il sait changer le petit, ne riez pas, s’il vous plaît, je vous ai entendue glousser, ce n’est pas drôle, non, eh bien, moi, je ne m’y attendais pas, je voulais croire que mon mariage ne serait pas comme les autres. Les autres pouvaient de tromper et se retromper, mais pas moi. Pas mon mari à moi. Et pourtant, c’est ce qu’il a fait mon mari à moi. Il m’a trompée. Je suis une femme trompée.


- Apollonie, écoute…

- Non, j’en ai marre, Charles. Tu sais bien que moi je peux te donner cette deuxième jeunesse, mais tu n’as pas le courage de quitter ta femme, voilà tout, tu n’es qu’un lâche !

- Ecoute-moi. Ils ne vont pas tarder à rentrer.

- Alors n’oublie pas de défaire ton lit et de manger ce que bobonne t’a laissé dans le frigo. Sinon elle va comprendre que tu n’as pas mis les pieds chez toi du week-end.

- Je t’appelle tout à l’heure, et on se voit demain à treize heures, d’accord ? Tu t’es calmée ?

- Tu m’aimes ?

- oui, bien sûr, mais arrête de jouer les petites filles gâtées, veux-tu ? Je ne peux pas tout balancer par la fenêtre, ma femme ne le supporterait pas. Elle a besoin de moi, tu sais. Je suis tout pour elle. Et mes fils sont encore petits. Ce serait un crime de les quitter maintenant. Ils m’en voudraient leur vie entière. Il faut me donner du temps, ma jolie. D’accord ?

- D’accord, d’accord ! Mais je te préviens, je ne vais pas attendre dix ans. Dans dix ans, j’aurai l’âge de ta femme. Tu ne voudras plus de moi.



« Tu es forte, Thérèse. Tu es une femme. Je crois que les femmes sont plus fortes que nous. Je veux le croire pour ne pas me sentir trop coupable. Pour ne pas avoir l’impression d’avoir gâché ta vie."

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